vendredi 30 octobre 2015

Mort brutale de Pierre Berger, un patron très prometteur


Pierre Berger, 47 ans, PDG d'Eiffage, le troisième groupe de BTP français, est décédé le 23 octobre d'une crise cardiaque.

Le dirigeant avait rejoint Eiffage fin 2010, à l'époque comme numéro deux du groupe dirigé alors par Jean-François Roverato. Il lui a succédé en 2011 d'abord comme directeur général opérationnel, puis comme président en 2012. Le challenge était important car Jean-François Roverato est non seulement une personne charismatique mais a à son actif la prouesse d'avoir réussi à sauvegarder l'indépendance d'Eiffage en ne laissant pas le groupe tomber sous la coupe de l'espagnol Sacyr, qui avait lancé une OPA contre le groupe français.

Le Monde raconte que "Né en 1968, dans une famille bourgeoise classique, Pierre Berger était du genre surdoué. Bachelier à 15 ans, polytechnicien à 18, ayant, au passage, réussi le concours de Normale sup, et diplômé de l’Ecole des ponts et chaussées, il aura réalisé toute sa carrière dans le BTP. A 23 ans, il est déjà le patron d’un bureau d’études qu’il avait créé, spécialisé dans les fondations en sols inondés. Cette société est rachetée en 1995 par Ménard Soltraitement, dont M. Berger devient directeur général dès 1999. Celle-là est ensuite elle-même rachetée par une filiale de Vinci, et c’est ainsi que M. Berger fait son entrée dans le groupe aujourd’hui dirigé par Xavier Huillard. Ce dernier le repère bien vite et lui confie, en avril 2004, la direction générale de sa branche Grands Projets, la plus prestigieuse du groupe – elle réalise les ouvrages d’art spectaculaires."

En 2005, il accède au comité exécutif de Vinci et, fin 2010, il est débauché par Jean-François Roverato, qui cherchait son successeur. « Il avait le courage d’aborder avec ténacité toutes les situations. Et il adorait notre métier. Il disait souvent, n’oubliez pas que c’est sur le chantier que vit notre entreprise » raconte Michel Gostoli, président d’Eiffage Construction.

Ouest France explique que "Eiffage, qui a réalisé l'an passé un chiffre d'affaires de 13,98 milliards d'euros, « peut s'appuyer néanmoins sur des bases très solides », selon un expert du secteur de la construction. « Pierre Berger a vraiment contribué à redresser le groupe en menant une restructuration en particulier dans la partie construction et en supervisant son refinancement et son désendettement » ; "« Le groupe sera bien plus facile à diriger que dans la situation dans laquelle il l'a trouvé, le souci c'est qu'il cumulait les fonctions de président et de directeur général, ce qui est toujours délicat », analyse un autre expert. « Il y aura certainement des candidats en interne peut-être pour assurer la transition avant de chercher à l'extérieur par la suite », ajoute cette même source. Certains évoquent déjà un retour, même temporaire, de Jean-François Roverato, à la direction d'Eiffage. Confronté à un cas de figure assez similaire en octobre 2014, après le décès accidentel de son PDG Christophe de Margerie, le géant pétrolier Total avait alors rappelé aux affaires son ancien président Thierry Desmarest."