La directive européenne sur la publication d'informations extra-financières contraint les entreprises à collecter des milliers de données en 2024 pour renforcer la transparence environnementale et lutter contre le "greenwashing".
Vers une collecte massive de données environnementales
À partir du 1er janvier, les grandes entreprises européennes entament une étape cruciale en récoltant une multitude de données sur leur impact environnemental. La directive européenne sur la publication d'informations extra-financières (CSRD) vise à crédibiliser les données environnementales, sociétales et de gouvernance (ESG) des entreprises, mais cette conformité s'annonce comme un défi majeur.
Bien que qualifié de "lourd fardeau" par certaines entreprises, la CSRD est saluée pour sa contribution à une "meilleure transparence". Les indicateurs à collecter incluent les émissions de gaz à effet de serre, les volumes d'eau consommés, les espaces naturels dégradés, ainsi que les risques climatiques auxquels les entreprises sont exposées.
Transformer l'évaluation de la performance des entreprises
L'objectif affirmé est de révolutionner l'évaluation de la performance des entreprises en faisant des données extra-financières l'équivalent des données financières. Ceci, dans un cadre standardisé, permettant la comparaison entre les entreprises européennes, évitant ainsi le "greenwashing" et orientant efficacement les flux financiers.
Chaque entreprise pourrait être amenée à publier plus de 1 000 informations, certaines sous forme écrite, d'autres chiffrées, couvrant divers aspects de leur impact environnemental et social. La CSRD ne s'applique actuellement qu'aux grandes entreprises européennes, mais son champ d'application s'élargira progressivement pour inclure 42 500 entreprises, y compris les PME, d'ici 2026.
Adaptation des entreprises et phase de transition
La CSRD incite chaque entreprise à évaluer les informations "matérielles" à publier en fonction de son activité. Le groupe Heraeus estime à environ 400 le nombre de points de données à inclure dans son rapport de durabilité. La France a déjà publié le décret national transposant la directive, tandis que les autres États membres ont jusqu'au 6 juillet 2024 pour le faire.
Certaines entreprises, comme Qonto, une entreprise de
services bancaires, ont décidé de s'attaquer à la CSRD avec un an d'avance pour
"anticiper" les défis. Bien que la tâche d'adaptation soit
considérable, cela n'impliquera pas une duplication totale des équipes
comptables et financières, selon Sylvain Lambert, associé responsable du
développement durable chez PwC France et Maghreb, qui préconise la formation
des personnes concernées.