vendredi 29 avril 2022

Le retour de l’inflation va influer sur le rapport à la dette



Les banques centrales, compte tenu du retour de l’inflation vont penser et pratiquer une augmentation de plus de leur taux. Mais en réalité que pourront être les possibles réactions d’un état conscient de son niveau d’endettement élevé ?


Même si la tendance était forte avant l’entame de la guerre en Ukraine, elle diminuait assez légèrement, compte tenu du retour plus ou moins lent vers un taux de croissance normal après le sursaut de 2021. La politique monétaire, à minima, devait par conséquent être normalisée sans problème pour cause d’un endettement rigoureux, global, et de marchés financiers et immobiliers de très grande valeur. Ceci, en se démarquant étape par étape de la politique d’assouplissement quantitatif, en s’évertuant avec prudence à remonter les taux.


Le risque de surchauffe avait conduit à la nécessité de resserrement dans une certaine mesure, mais aussi le risque d’épuisement de la politique monétaire dans la prévision d’une autre crise. Enfin du risque de développement des bulles, consécutives aux taux bas et persistants comparativement aux taux de croissance.


Les conséquences d’un rebond

 

Le régime inflationniste était de toute évidence en train de muer. Après la survenue il y ‘a quelques mois d’un regain d’inflation, force a été de constater qu’elle était loin d’être transitoire. La Fed de même que la BCE ont été amenées à faire part de leur annonce d’arrêt progressive de leur achat net de titres sur les marchés. Elles ont fait l’annonce de remonter leur taux avec diligence et assez rapidement.

Elles rechignaient de sortir de leur cocon très accommodant compte tenu de l’enjeu et des mêmes raisons que celles citées plus haut. Quant à la BCE, elle devait affronter la question plus sensible et plus délicate de la zone euro malgré les déséquilibres profonds entre pays du sud et pays du nord. De tout temps, hier et aujourd’hui, les états ont un besoin criard d’investissements pour le développement des nouvelles technologies, la réindustrialisation et transition énergétique.  L’objectif de stabilité financière a été secoué par des taux d’intérêt trop bas, en conflit avec celui du financement des nouveaux investissements nécessaires et de solvabilité des états, et même d’acteurs privés qui avaient vu leur endettement augmenter depuis 2000 pour le secteur privé et depuis 2007 pour le secteur public. Pour cause de pandémie, l’endettement a été significativement renforcé.

Haut risque d’emballement perceptible, à défaut de réaction à la mesure du regain d’inflation   

 

De nombreuses voix s’élèvent en zone euro. Pour certains, il était nécessaire d’apporter un changement dans la mise en place des règles budgétaires communes. Il fallait exclure du calcul des obligations indues imposées aussi bien sur les déficits publics que les budgets d’investissements. Souvent cette proposition impliquait l’idée que dans les conditions actuelles, le niveau de la dette publique ne devrait pas créer beaucoup de soucis alors que les banques centrales se chargeraient de combler financièrement les éventuels déficits.


La stagflation crée l’épouvante

 

Aujourd’hui la peur est réelle compte tenu d’un ralentissement de la croissance qui sera d’1 point ou plus visiblement pour cause de guerre en Ukraine, en plus d’une inflation beaucoup plus sévère avant l’annonce de la guerre. Les banques centrales se trouveront alors devant un dilemme encore plus compromettant.


Pour installer la confiance, il faut miser sur une inflation stable et basse. Une dynamique stagflationniste durable et suffisamment forte sera le résultat au cas où l’inflation s’installerait par les indexations des prix au prix, des salaires au prix et des prix au salaire, même avec un ralentissement de la croissance.


Les banques centrales sont obligées de neutraliser à minima, mais avec éveil leur politique monétaire


Les dépenses publiques les plus élevés par rapport au PIB au sein de la zone euro sont affichés depuis longtemps en France. Ces dépenses pourtant, sur certains domaines ne donnent qu’une qualité moyennement en rapport avec les niveaux des dépenses réalisées. Pour preuve, les multiples mesures comparatives de l’OCDE le confirment de façon régulière.


On attribue à la monnaie le fait d’être le fondement du processus de règlement des dettes. Crédibiliser la monnaie, c’est aussi crédibiliser l’efficacité du système de règlement des dettes. Pour Michel Aglietta la confiance dans la monnaie est vitale, c’est l’alpha et l’Omega de la société.