jeudi 16 avril 2015

Europe de l’est : un vivier d’opportunités pour les entreprises françaises ?

A l’Est, toute ! C’est la stratégie que semblent adopter de plus en plus d’entrepreneurs français. La conjoncture dynamique présente dans les pays de l’Europe de l’est séduit les entreprises hexagonales face à un contexte national encore fragilisé par la crise. Du grand groupe à la PME, les occasions se multiplient dans des secteurs toujours plus variés.


Une croissance attractive

Considérés encore hier comme les derniers de la classe européenne, les pays d’Europe de l’est jouissent aujourd’hui d’une confortable croissance. En effet, si on en croit les résultats publiés en 2012 par EUROSTAT, la zone orientale peut se féliciter de compter six des plus fortes croissances en Union Européenne (UE). Ainsi, de l’Estonie à la Slovaquie, la conjoncture économique apparaît comme favorable depuis l’intégration dans l’UE. L’Union a en effet encouragé cet essor en fournissant des aides dédiées au développement des infrastructures et à la délocalisation d’entreprises vers les pays de l’est qui bénéficient, par ailleurs, d’une législation plutôt souple.

La Pologne apparaît comme leader de la croissance avec un résultat près de trois fois supérieure à la moyenne des 27 pays de l’UE. Ce boom économique n’est pas sans générer des nouveaux besoins, auxquels les entreprises françaises (et étrangères) s’empressent de subvenir. EDF a pour sa part remporté un appel d’offre dans le pays et construit près de Varsovie sa plus grosse centrale thermique pour un budget frôlant les deux milliards d’euros. En effet, « avec un fort potentiel de croissance, la Pologne représente un marché particulièrement attractif pour EDF, dans un contexte où plus de la moitié des centrales au charbon du pays doivent être remplacées d'ici à 2025, » précise Gérard Roth, directeur Europe continentale d'EDF. La centrale de Rybnik fournira ainsi en électricité l'équivalent de la consommation de plus de 6 millions d'habitants et permettra de renforcer la position d’EDF dans le pays et d'en faire la plate-forme de développement du groupe en Europe centrale et orientale.

Le schéma est similaire en Bulgarie, où le leader de l’impression de haute sécurité Oberthur Fiduciaire, a créé en 2013 une joint-venture avec l’imprimeur national. Cette démarche capitalise sur les capacités de dialogue d’Oberthur Fiduciaire avec les différents acteurs étatiques et gouvernementaux. « Après avoir doublé notre production de billets de banque et livré le chiffre record de 4.2 milliards de billets en 2012, le groupe FCO [François-Charles Oberthur, Ndlr] va, pour la première fois de son histoire, opérer d’un deuxième site de production de billets» précise Thomas Savare, le Directeur Général d’Oberthur Fiduciaire. Il poursuit : « cette entité, que nous contrôlons à hauteur de 70%, est un investissement productif qui nous permet de soutenir la cadence de production et d’adresser de nouveaux marchés ». L’occasion est également de promouvoir et valoriser un savoir-faire à la française et ce dans de nombreux domaines : «   » conclut Thomas Savare.

Un marché diversifié, tremplin pour les entreprises françaises

Encouragées par les bons résultats économiques des 500 grandes sociétés implantées dans ce nouvel eldorado (+30% en 2011), nombreuses sont les entreprises françaises à se tourner vers les pays de l’est. Ce nouveau vivier regorge d’opportunités grâce à un marché diversifié, où les filières énergétiques, pétrolières et automobiles affichent des résultats prometteurs. Et les opportunités sont loin d’être réservées aux grandes entreprises comme EDF ou Oberthur Fiduciaire. En effet, «  il y a là de nombreuses niches de marchés prenables pour nos PME » confie l’économiste Thierry Apoteker. Ainsi, de l’implantation locale à la création de société mixte, les PME saisissent ces opportunités de nouveaux contrats venus de l’est, comme Maurice Théaud, dirigeant de la société éponyme, qui vit une véritable success story en Bulgarie. Ce spécialiste de la gestion des déchets implanté en Ille-et-Vilaine a remporté (grâce notamment à un employé aux origines bulgares) plusieurs appels d’offres dans le pays, dont la gestion d’une déchetterie dans la capitale. L’entreprise bretonne a su pénétrer un marché jusqu’ici inexploré et amorcé une véritable stratégie d’expansion puisqu’elle fait désormais partie du groupe Sterno. 

La part belle aux nouvelles technologies

Alors qu’ils rattrapent leur retard, les pays de l’est relèvent également le défi de l’innovation. Quitte à concurrencer les places historiques européennes ? Un nouvel écosystème, résolument porté sur les nouvelles technologies est en tout cas en train de fleurir. En effet, 30% des start-ups européennes ont été créés à l'Est et ont réussi à lever plusieurs millions de dollars de fonds. Depuis 2009, Fits.me propose un service d’essayage en cabine virtuel diffusé auprès des géants du e-commerce dont l’allemand Otto. Autre exemple, Farmeron (plus d’un million de fonds levés) propose des services de gestion 2.0 pour les fermiers soucieux d’améliorer leur rendement. Emi Gal, fondateur de Bainient, peut aujourd’hui se féliciter d’avoir installé sa start-up sur la place londonienne en devenant un des spécialistes de la publicité et du retargeting vidéo.

Au cœur de ce succès, les incubateurs d'entreprises ont largement accompagné ces nouvelles entreprises sur la voie du développement.  En mettant à disposition des fonds mais également des personnels qualifiés, ils ont catalysé un marché en ébullition dans les pays de l’est. Alors que la France se positionne parmi les leaders du secteur de l’innovation numérique, ce nouveau vivier à l’est présente des perspectives intéressantes pour les start-up françaises soucieuses de se développer à l’international.