lundi 30 mars 2020

Covid-19: l'Allemagne rompt avec sa légendaire orthodoxie en matière de discipline budgétaire




La pandémie du Coronavirus n'a pas fini de déstabiliser les économies et l'organisation de plusieurs États à travers le monde, notamment en Europe. Et l'Allemagne, ce géant du vieux continent n'a pas échappé à la règle. Ce lundi, le gouvernement allemand a adopté un ensemble de mesures, estimées à des centaines de milliards d'euros, pour sauver le pays des impacts de la pandémie. Dans le cadre de ce plan d'aide économique inédit, le pays a également décidé d'emprunter 156 milliards d'euros, suspendant ainsi toutes les contraintes budgétaires qu'il s'était fixé, depuis bien longtemps.

Berlin était connu pour sa rigueur en matière de comptes publics. Les ministres des finances de toute obédience politique ont toujours bien appliqué et défendu ce dogme allemand, à l'instar d’Olaf Schloz, l'actuel ministre fédéral des finances, qui prônait " le zéro déficit". "Notre objectif est de présenter un budget à l’équilibre", serinait-il depuis sa nomination.  D'ailleurs depuis 7 ans, l'Allemagne affichait des excédents budgétaires. Aujourd'hui, dans le contexte de la crise sanitaire actuelle, le son des clochettes allemandes a changé et la position du  gouvernement sur la question est devenue " il ne doit y avoir aucun tabou " pour sauver la nation.

Tous les moyens sont bons...

En 2011, le frein à l'endettement devient effectif dans la gestion financière publique allemande et "interdit"  à l'Etat de contracter des dettes dépassant 0.35 % du PIB. Toutefois une dérogation été prévue en cas de situations exceptionnellement critiques comme celle vécue en ce moment.

"Nous allons faire tout ce qui est nécessaire pour défendre les entreprises et les emplois (...) Nous lutterons contre cette crise affectant les soins de santé pour nos concitoyens ou l'activité économique dans ce pays" a clamé Scholz, démontrant que la première économie européenne allait utiliser tous les moyens qu'elle avait en sa possession, même s'il devait abandonner sa rigueur budgétaire légendaire. 

Et l'économie germanique en aura grandement besoin d'ailleurs. Peter Almaier ministre de l'économie, révélait récemment en conférence de presse, que le pays s'attendait à une récession "d'au moins 5% en 2020 alors qu'ils tablaient sur un progrès du PIB DE 1.1% cette année.

...Pour sauver le pays

Les entreprises nationales très portées sur l'exportation ont été mises en difficultés par les mesures restrictives déployées dans beaucoup de pays pour tenter de limiter le virus. Pour les aider à tenir face à la situation, le gouvernement met un place un plan de sauvetage -sans précédent depuis la seconde guerre mondiale-   et annonce une future enveloppe de 822 milliards d'euros sous forme de prêts pour soulager les entreprises et les salariés affectés. Cette somme servira pour les grands établissements à remettre leur trésorerie à un niveau acceptable et à consolider leur capital. Pour les employés indépendants et les petites entreprises contraints d'arrêter ou de ralentir leurs activités, les mesures prises vont les aider financièrement et aussi faciliter le recours au chômage technique.

L'Etat n'exclut pas aussi d'utiliser ces fonds pour  nationaliser provisoirement et en partie des entreprises stratégiques qui seraient menacées de faillite.