jeudi 2 février 2017

Le passage du DG de l’Arcep vers Google fait du bruit

Le passage de Benoit Loutrel, vers le poste de Directeur des affaires publiques et des relations institutionnelles de Google France, ne fait pas que des satisfaits dans la société. Pour une sénatrice qui s’est clairement exprimée, quitter le poste de directeur général de l’Arcep pour rejoindre Google France, pousse à s’interroger tant sur des questions d’éthiques que sur la notion de préservation de l’intérêt général.

Google agit en chasseur de tête

Le géant américain emploie des méthodes de recrutement  dignes de chasseur de tête. Pour mieux asseoir ses activités et veiller sur ses intérêts, comme c’est le cas en France, elle opère durement dans la mise à sa disposition des grandes têtes de choix. Ainsi, depuis beaucoup d’années, experts du secteur public ou du privé, des véritables connaisseurs des secrets du pouvoir et des technologies sont ses cibles de choix.

C’est d’ailleurs ce énième passage d’un cadre de la trempe de Benoit Loutrel qui pousse beaucoup à s’interroger. Ses méthodes de recrutement se confirmeraient alors une fois de plus. De plus, celui que le désormais ex-DG de l’Arcep remplacera ne rien d’autre que Francis Donnat,  précédemment au Conseil d’Etat et détaché à la cour de justice de l’Union Européenne. Son arrivée en 2014 chez Google avait d’ailleurs engendrée la furie de Fleur Pellerin, ministre délégué à l’économie numérique de l’époque.

Une nomination au gout de menace à la souveraineté numérique

Les montées au filet ne se sont pas fait attendre. La sénatrice Catherine Morin-Desailly y est allée sans détours sur son compte Twitter : « Hormis le côté éthique de cette nomination qui semble piétiné, la souveraineté numérique se trouve menacée par des conflits d’intérêts majeurs. » Au passage, elle lance un appel à la Secrétaire d’Etat au Numérique, Axelle Lemaire.

Elle est allée plus loin dans une communication rendue publique. La sénatrice y a mis toute son énergie pour bouder contre ce débauchage supplémentaire de la part de Google France. Elle aurait à cet effet écrit deux rapports qui font état de la dominance américaine  sur l’internet mondial d’une part, mais aussi sur l’importance de conserver la souveraineté française sur le plan du numérique.

Limiter ses rapports avec l’Arcep pour apaiser les tensions

Au courant sa nomination du côté de Google France causerait inévitablement des remontées de colère comme celle de la sénatrice centriste, Benoit Loutrel se serait ainsi proposer des limiter sinon supprimer ses rapports avec l’Arcep durant trois ans. Est-ce pour autant que la sénatrice se sentira rassurée ? Et pourtant, du côté de la Commission de déontologie de l’Arcep les choses sont bien claires : un accord aurait été donné pour faire ce transfert.


Au-delà de tout ceci, la sénatrice Catherine Morin-Desailly s’est tout de même adressée à l’exécutif pour demander des éclaircissements : « je souhaiterai que le gouvernement d’une part, et l’Arcep également d’un autre côté, donnent des éclaircissements au sujet du travail qui a été ou non effectué par la Commission de déontologie dans l’optique de favoriser ce transfert. De plus, que l’on montre comment les intérêts supérieurs de la France ne sauraient en pâtir de cette nomination. »