Le spatial ? Un business comme un autre !
Sans sous-estimer ou surestimer le nouveau venu sur un marché qu’il domine largement, le PDG d’Arianespace met en avant un avantage comparatif de taille : l’excellence des lanceurs, le taux de réussite, et surtout l’expérience de son entreprise. Si, avant le succès de son premier lancement, SpaceX comptabilise 9 commandes, Arianespace en est à 35. La disponibilité du lanceur européen est également mise en avant face à la situation du lanceur Falcon de SpaceX, « saturé par des lancements institutionnels ». Mais l’argument massue dont convient le PDG, c’est aussi et surtout le véritable outil de pression sur les prix que constitue pour les clients le lanceur low-cost de SpaceX. De fait, l’américain annonce un prix plus de deux fois moindre que celui de son concurrent européen, à environ 60 millions de dollars (contre environ 150 pour Ariane V). Face à cette menace, M. Israël s’est voulu flexible : « J’ai déjà dit que je regardais notre politique de prix, et que si nous devions procéder à certaines adaptations en raison de la concurrence, nous le ferions. »
Réduire les prix tout en innovant
Réduire les prix du lanceur, avec la multiplication des concurrents, semble indispensable. Suite au lancement effectué par SpaceX, M. Israël n’a pas hésité à parler « d’optimisation » et se veut surtout attentif à la lutte commerciale sur certains segments : le monopole d’Arianespace sur celui des gros satellites pourrait permettre de réduire le coût des autres types de satellites embarqués, puisque les lancements via Ariane V sont doubles. Mais là où le patron d’Arianespace se veut aussi innovant, c’est en termes de modèle économique : « En tant que patron d’une entreprise, je suis garant de sa compétitivité globale. » Il s’est notamment dit stimulé par l’exemple de SpaceX, en tant que projet privé « pour aller vers un espace plus entrepreneurial, avec davantage d’initiative privée soutenue par une vraie volonté européenne », tout en rappelant que SpaceX n’existerait pas sans l’aide et les contrats de la NASA. En ce qui concerne l’avenir d’Arianespace, il passe également par un nouveau laceur, Ariane VI, prévu pour l’horizon 2020. Un programme qui, souligne-t-il, « a besoin de l’engagement des pouvoirs publics à ses côtés ». Le marché des opérateurs satellites est par ailleurs un marché dynamique : pour répondre à la demande, le site de Kourou, qui jongle entre plusieurs lanceurs, doit ainsi être aménagé et optimisé dans ce but.