vendredi 26 août 2016

Paris et Berlin veulent un accès aux données cryptées

En voilà une demande qui risque de porter un coup dur  à la  sécurité en ligne selon certains experts.  En effet, les autorités françaises et allemandes mènent  le combat afin de pouvoir accéder aux données cryptées. Concrètement, l’idée est d’avoir le droit d’accéder à ces données   avec une simple  réquisition judiciaire.

Des experts tirent la sonnette d’alarme

L’idée ne s’éloigne pas trop des perquisitions effectuées par les enquêteurs dans les appartements dans le cadre de leur travail d’enquête. Même cela parait, à priori, compréhensible pour assurer la sécurité des populations, il est à craindre qu’il soit porté atteinte à sécurité des échanges sur internet. C’est d’ailleurs le sentiment de certains experts qui estiment que  la cryptographie occupe une place non négligeable dans le domaine de la sécurité en ligne. Ainsi, appellent-ils les autorités allemandes et françaises à faire preuve davantage de prudence. 

Sur les colonnes du journal, le Monde, la  présidente de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), Isabelle Falque-Pierrotin, a tiré sur la sonnette d’alarme. Selon cette dernière, cette mesure qui voudrait que l’accès aux données soit possible sur réquisition judiciaire comporte de nombreux risques. Madame Isabelle Falque-Pierrotin a mis en garde les autorités. Ainsi, elle estime que dans la réalité des faits, il n’est pas possible pour les autorités d’avoir la certitude que seules elles pourront accéder à ces données privées. Ce qui pose un véritable problème d’insécurité aux internautes qui ont le droit à la protection de leur privée.

Bernard Cazeneuve botte en touche les accusations de ses détracteurs

Quant à Bernard Cazeneuve, il a tenu à apporter des éléments de réponse à ses détracteurs qui l’accusent de vouloir donner naissance à une législation qui bafouerait la nécessaire protection des données personnelles. Battant en brèche de telles idées, Monsieur Cazeneuve soutient qu’il ne s’agit pas de mettre en danger la sécurité des données personnelles, mais de trouver une solution qui rende les enquêtes judiciaires fructueuses. 

Le ministre a par ailleurs tenu à préciser qu’il y’a des distinctions à faire relativement  niveau de coopération qui diffère en fonction en fonction  des opérateurs concernés. Pour  l'application Telegram  par exemple, le ministre estime que  les États ne disposent d'aucun interlocuteur.

Des propositions communes présentées à la Commission européenne par Berlin et Paris

Paris et Berlin ne comptent pas s’en arrêter à des vœux pieux. Leurs   ministres de l'Intérieur respectif ont d’ailleurs fait parvenir mardi des propositions communes à la Commission européenne.  Au-delà de cette mesure, les ministres allemands et français ont plaidé pour le renforcement  des contrôles aux frontières. Ils ont aussi demandé que la biométrie soit utilisée davantage  afin  que les  faux passeports soient combattus. 

Enfin, ils ont  émis l’idée de la création  d’un système d'autorisation de voyage dans l'Union, pour les personnes non soumises à visa. Quant à Natasha Bertaud, porte-parole de la Commission européenne, elle a affirmé  Reuters, qu’elle salue l'initiative franco-allemande. Elle estime que  la coopération des États en matière de sécurité intéresse au plus haut point la Commission européenne.