Après 10 bonnes années de répit, voilà que ressurgit l’inflation et prête à durer. Un avènement d’autant plus impactant que personne ne s’y attendait. L’inflation depuis une dizaine d’années était à un niveau relativement bas, en deçà même des objectifs que la majorité des Banques centrales des pays développés s’était fixée. Que n’ont-elles pas faits, y compris en usant de moyens jamais expérimentés auparavant, pour faire monter le taux d’inflation, mais c’était peine perdue. Sans crier gare, l’inflation est réapparue et la question du pouvoir d’achat est le plus grand souci de tous. Comme on peut s’y attendre, les débats sur les facteurs favorisants risquent d’être très difficiles.
Quatre thèses peuvent être valables
Il y’a ceux qui
avaient sonné l’alerte depuis des années. Ils n’étaient pas indifférents au
fait que les Banques centrales multipliaient la quantité de monnaie qu’elles
créent par deux, puis quatre et plus en quelques années (aux États-Unis et dans
la zone euro, on en est à plus de sept depuis début 2008. Elles prédisaient
tous les ans une inflation très forte. On peut dire aujourd’hui que leur
conviction profonde a eu du répondant, l’inflation est bien là, présente.
Il y’a ceux qui
réfléchissent autrement et voient d’un autre œil. Ils soutiennent que ce sont
les gouvernements, pas les banques centrales qui sont en cause, ils ont
emprunté des sommes colossales pour donner des aides aux particuliers et aux
entreprises. C’est tout naturel par conséquent que les prix augmentent, la
triste réalité est qu’ils sont les seuls à avoir vu venir.
De nombreuses industries extractrices ont subi la lenteur du redémarrage de l’offre
Il y’a ceux qui ne tarissent
pas d’arguments pour affirmer que cette surenchère était imprévisible. Ils nous
servent des arguments à la limite solide, des goulots d’étranglement dans les
longues chaines de production, impliquant les plus grands producteurs
disséminés partout dans le monde, ils évoquent également la montée des prix des
matières premières comme le gaz et le pétrole qui influencent les prix des
autres produits.
Aujourd’hui il y’a la guerre
en Ukraine qui impacte négativement les livraisons d’huile de tournesol et de
céréales. L’offre s’amenuise mais les prix augmentent.
Les banques centrales ont
estimé que tout ceci allait s’arrêter, que l’inflation serait temporaire,
c’était plausible évidemment mais pas pour autant certain. Elles ont commis
deux erreurs, la première a été le fait de penser que les salaires aller rester
stables. Pourtant, inflation est synonyme de diminution ou perte de pouvoir
d’achat pour les employés.
La deuxième erreur a été le
défaut de prudence ou de modestie. Face à une situation exceptionnelle, les
prévisions économiques sont inhabituellement instables et fragiles. Les
banques centrales auraient été plus que prudents de travailler sur plusieurs
scenarios.
Celles des pays développés
semblent déterminées à mitiger l’inflation, la faire redescendre avant qu’elle
ne s’enlise. La Chine qui pourvoie le monde en produits intermédiaires, doit
aussi jouer sa part dans la situation, sa politique zéro Covid à
négativement impacté des milliers d’entreprises.
À présent que l’hypothèse
d’une inflation strictement passagère s’est volatilisée, qu’elle suite peut-on
prévoir ? Au-delà du rôle des politiques budgétaires et des imprévus dans
une durée de deux ou trois ans, c’est la politique monétaire qui va jouer le
rôle principal. En tout cas l’initiative de réduire la masse monétaire à
l’effet d’éviter le risque d’un envol du crédit pourrait fragiliser les marchés
financiers et faire planer le spectre d’une nouvelle crise.
Ce que personne ne révoque en
doute, c’est le fait que nous sommes de plein pied dans une nouvelle époque en
matière d’inflation et de politique monétaire.