Pierre
Berger, 47 ans, PDG d'Eiffage, le troisième groupe de BTP français, est décédé
le 23 octobre d'une crise cardiaque.
Le
dirigeant avait rejoint Eiffage fin 2010, à l'époque comme numéro deux du
groupe dirigé alors par Jean-François Roverato. Il lui a succédé en 2011
d'abord comme directeur général opérationnel, puis comme président en 2012. Le
challenge était important car Jean-François Roverato est non seulement une
personne charismatique mais a à son actif la prouesse d'avoir réussi à
sauvegarder l'indépendance d'Eiffage en ne laissant pas le groupe tomber sous
la coupe de l'espagnol Sacyr, qui avait lancé une OPA contre le groupe
français.
Le Monde raconte que "Né
en 1968, dans une famille bourgeoise classique, Pierre Berger était du
genre surdoué. Bachelier à 15 ans, polytechnicien à 18, ayant, au passage,
réussi le concours de Normale sup, et diplômé de l’Ecole des ponts et
chaussées, il aura réalisé toute sa carrière dans le BTP. A 23 ans, il est déjà
le patron d’un bureau d’études qu’il avait créé, spécialisé dans les fondations
en sols inondés. Cette société est rachetée en 1995 par Ménard
Soltraitement, dont M. Berger devient directeur général dès 1999. Celle-là est
ensuite elle-même rachetée par une filiale de Vinci, et c’est ainsi que M.
Berger fait son entrée dans le groupe aujourd’hui dirigé par Xavier Huillard.
Ce dernier le repère bien vite et lui confie, en avril 2004, la direction
générale de sa branche Grands Projets, la plus prestigieuse du groupe – elle
réalise les ouvrages d’art spectaculaires."
En 2005,
il accède au comité exécutif de Vinci et, fin 2010, il est débauché par
Jean-François Roverato, qui cherchait son successeur. « Il avait le courage d’aborder avec ténacité toutes les
situations. Et il adorait notre métier. Il disait souvent, n’oubliez pas que
c’est sur le chantier que vit notre entreprise » raconte Michel
Gostoli, président d’Eiffage Construction.
Ouest France explique que "Eiffage,
qui a réalisé l'an passé un chiffre d'affaires de 13,98 milliards d'euros,
« peut s'appuyer néanmoins sur des bases très solides », selon un
expert du secteur de la construction. « Pierre Berger a vraiment contribué
à redresser le groupe en menant une restructuration en particulier dans la
partie construction et en supervisant son refinancement et son
désendettement » ; "« Le groupe sera bien plus facile à diriger
que dans la situation dans laquelle il l'a trouvé, le souci c'est qu'il
cumulait les fonctions de président et de directeur général, ce qui est
toujours délicat », analyse un autre expert. « Il y aura certainement
des candidats en interne peut-être pour assurer la transition avant de chercher
à l'extérieur par la suite », ajoute cette même source. Certains évoquent
déjà un retour, même temporaire, de Jean-François Roverato, à la direction
d'Eiffage. Confronté à un cas de figure assez similaire en octobre 2014,
après le décès accidentel de son PDG Christophe de Margerie, le géant pétrolier
Total avait alors rappelé aux affaires son ancien président Thierry
Desmarest."