Ce milliardaire de 54 ans de la Silicon Valley a un parcours
atypique, imprévisible et loin des clichés de la vallée des nouvelles
technologies.
Pour le magazine Challenges, Reed Hastings est le génie des
contraires : "Dans
une entreprise, expliquait-il en 2004," le succès ne vient vraiment que
lorsque la plupart des gens jugent idiot ce que vous avez, alors qu’il s’agit
d’un truc crucial". Fils d'un avocat qui a travaillé aux côtés du président
Richard Nixon, il commence par décrocher un diplôme de mathématiques. Avant de
commencer à travailler, il s'engage dans les marines puis enseigne pendant 3
ans les maths comme volontaire dans le Peace Corps au Swaziland. Il retourne
ensuite à l'université, Stanford, et obtient un diplôme en intelligence
artificielle.
C'est
en 1991 qu'il fonde sa première société : Pure Software offrant des services
aux utilisateurs d'Unix. Introduite en bourse en 1995, cette entreprise sera
rachetée quelques années plus tard pour la somme de 700 millions de dollars et
c'est avec cette somme que Reed Hasting fonde Netflix, en 1997, assisté de Marc
Randolph. Il raconte que l'idée lui en est venue après avoir du verser 40
dollars suite un film loué, qu'il avait rendu trop tard. De fait, juste avant
de lancer le service Netflix, ses fondateurs choisissent un modèle basé sur la
location, la seule option rentable à leurs yeux. Les premières années de vie de
la société s'avèrent compliquées et en 2000, elle est au bord de la faillite.
En
2000, la société se retrouve même au bord du gouffre et propose pour une
bouchée de pain 49% de son capital à Blockbuster, le géant de la location de
films. Gulliver envoie balader le Lilliputien. Le magazine Challenges cite Gina
Keating, une ex-journaliste de l’agence Reuters, qui l’a suivi de longues
années avant de retracer l’aventure Netflix dans un livre, Netflixed. The Epic
Battle for America’s Eyeballs (Portfolio Hardcover, 2012) : "C’est
l’époque où Hastings prend vraiment les rênes de Netflix et y imprime sa
marque, écartant sans trop de ménagement son partenaire. "Au tout début,
l’entreprise était dominée par le marketing et les créatifs, explique Gina
Keating. Ce sont eux qui ont inventé l’interface, qui ont vraiment réfléchi à
la façon dont les gens utiliseraient le site. Reed n’avait aucun appétit pour
cet aspect des choses. Aux yeux des ingénieurs, en revanche, il était une star
de rock." Dès cette époque, "deux choses l’obsèdent : les maths,
et la volonté de faire de Netflix une société mondiale, poursuit Keating."
"Le
fait d’avoir eu si souvent raison le pousse quelquefois à l’arrogance, note
Keating, qui ajoute qu'il a en fait une personnalité paradoxale. D’un côté, il
est le premier à reconnaître que d’autres sont capables de faire mieux que lui
mais il peut aussi s’enfermer dans ses certitudes et développer une
"mentalité de silo". Aujourd'hui, Netflix, c'est 50,5 millions
d'abonnés dans le monde. Aux Etats-Unis, un tiers des ménages sont
abonnés et la société est présente dans près de 50 pays, dont la France,
depuis un an.