A l’Est, toute !
C’est la stratégie que semblent adopter de plus en plus d’entrepreneurs
français. La conjoncture dynamique présente dans les pays de l’Europe de l’est
séduit les entreprises hexagonales face à un contexte national encore fragilisé
par la crise. Du grand groupe à la PME, les occasions se multiplient dans des
secteurs toujours plus variés.
Une croissance attractive
Considérés encore hier comme les derniers de la classe
européenne, les pays d’Europe de l’est jouissent aujourd’hui d’une confortable
croissance. En effet, si on en croit les résultats publiés en 2012 par EUROSTAT,
la zone orientale peut se féliciter de compter six des plus fortes croissances
en Union Européenne (UE). Ainsi, de l’Estonie à la Slovaquie, la conjoncture
économique apparaît comme favorable depuis l’intégration dans l’UE. L’Union a en effet encouragé cet essor en
fournissant des aides dédiées au développement des infrastructures et à la
délocalisation d’entreprises vers les pays de l’est qui bénéficient, par
ailleurs, d’une législation plutôt souple.
La
Pologne apparaît comme leader de la croissance avec un résultat près de
trois fois supérieure à la moyenne des 27 pays de l’UE. Ce boom économique
n’est pas sans générer des nouveaux besoins, auxquels les entreprises
françaises (et étrangères) s’empressent de subvenir. EDF a pour sa part
remporté un appel d’offre dans le pays et construit près de Varsovie sa plus
grosse centrale thermique pour un budget frôlant les deux milliards d’euros. En
effet, « avec un fort potentiel de
croissance, la Pologne représente un marché particulièrement attractif pour
EDF, dans un contexte où plus de la moitié des centrales au charbon du pays
doivent être remplacées d'ici à 2025, » précise Gérard
Roth, directeur Europe continentale d'EDF. La centrale de Rybnik fournira
ainsi en électricité l'équivalent de la consommation de plus de 6 millions
d'habitants et permettra de renforcer la position d’EDF dans le pays et d'en
faire la plate-forme de développement du groupe en Europe centrale et
orientale.
Le schéma est similaire en Bulgarie, où le leader de l’impression
de haute sécurité Oberthur Fiduciaire, a créé en 2013 une joint-venture avec
l’imprimeur national. Cette démarche capitalise sur les capacités de dialogue d’Oberthur
Fiduciaire avec les différents acteurs étatiques et gouvernementaux. « Après avoir doublé notre production de
billets de banque et livré le chiffre record de 4.2 milliards de billets en
2012, le groupe FCO [François-Charles
Oberthur, Ndlr] va, pour la première fois
de son histoire, opérer d’un deuxième site de production de billets»
précise Thomas Savare, le Directeur Général d’Oberthur Fiduciaire. Il poursuit :
« cette entité, que nous contrôlons à
hauteur de 70%, est un investissement productif qui nous permet de soutenir la
cadence de production et d’adresser de nouveaux marchés ». L’occasion est également de promouvoir et
valoriser un savoir-faire à la française et ce dans de nombreux domaines :
« » conclut Thomas Savare.
Un marché diversifié,
tremplin pour les entreprises françaises
Encouragées par les bons résultats économiques des 500
grandes sociétés implantées dans ce nouvel eldorado (+30%
en 2011), nombreuses sont les entreprises françaises à se tourner vers les pays
de l’est. Ce nouveau vivier regorge d’opportunités grâce à un marché diversifié,
où les filières énergétiques, pétrolières et automobiles affichent des résultats
prometteurs. Et les opportunités sont loin d’être réservées aux grandes entreprises
comme EDF ou Oberthur Fiduciaire. En effet, «
il y a là de nombreuses niches de marchés prenables pour nos PME » confie
l’économiste Thierry
Apoteker. Ainsi, de l’implantation locale à la création de société mixte, les
PME saisissent ces opportunités de nouveaux contrats venus de l’est, comme Maurice
Théaud, dirigeant de la société éponyme, qui vit une véritable success
story en Bulgarie. Ce spécialiste de la gestion des déchets implanté en Ille-et-Vilaine
a remporté (grâce notamment à un employé aux origines bulgares) plusieurs appels
d’offres dans le pays, dont la gestion d’une déchetterie dans la capitale.
L’entreprise bretonne a su pénétrer un marché jusqu’ici inexploré et amorcé une
véritable stratégie d’expansion puisqu’elle fait désormais partie du groupe
Sterno.
La part belle aux
nouvelles technologies
Alors qu’ils rattrapent leur retard, les pays de l’est
relèvent également le défi de l’innovation. Quitte à concurrencer les places
historiques européennes ? Un nouvel écosystème, résolument porté sur les
nouvelles technologies est en tout cas en train de fleurir. En effet, 30%
des start-ups européennes ont été créés à l'Est et ont réussi à lever plusieurs
millions de dollars de fonds. Depuis 2009, Fits.me
propose un service d’essayage en cabine virtuel diffusé auprès des géants du
e-commerce dont l’allemand Otto. Autre exemple, Farmeron
(plus d’un million de fonds levés) propose des services de gestion 2.0 pour les
fermiers soucieux d’améliorer leur rendement. Emi
Gal, fondateur de Bainient, peut aujourd’hui se féliciter d’avoir installé
sa start-up sur la place londonienne en devenant un des spécialistes de la
publicité et du retargeting vidéo.
Au cœur de ce succès, les incubateurs d'entreprises ont
largement accompagné ces nouvelles entreprises sur la voie du
développement. En mettant à disposition
des fonds mais également des personnels qualifiés, ils ont catalysé un marché
en ébullition dans les pays de l’est. Alors que la France se positionne parmi les
leaders du secteur de l’innovation numérique, ce nouveau vivier à l’est
présente des perspectives intéressantes pour les start-up françaises soucieuses
de se développer à l’international.