La société Proxinvest publie son 16ème rapport annuel sur la
rémunération des dirigeants des sociétés du SBF 120. Globalement, les salaires
des grands patrons augmentent mais les inégalités se creusent.
Alors que les actionnaires des grands groupes français ont
pu, pour la première fois cette année, voter la rémunération des dirigeants
(« Say On Pay » ), Proxinvest, société de conseil aux investisseurs,
publie pour la seizième année consécutive son rapport sur la rémunération des
dirigeants. Sa spécificité est de valoriser l’ensemble des formes de
rémunération des dirigeants (fixe, bonus annuel, jetons, avantages en nature,
stock-options, actions gratuites de performance, plans d’intéressement en
numéraire et autres formes indirectes de rémunération).
L’analyse met en exergue un paradoxe :
la rémunération maximale socialement acceptable de Proxinvest (240 SMIC, soit
4,76M€) est désormais dépassée par 18 présidents exécutifs contre seulement 13
en 2012. Malgré cette dérive, la
rémunération totale moyenne des présidents exécutifs des 120 plus grandes
sociétés françaises cotées n’a augmenté que de 1,2% en 2013 et atteint 2
909 000€.
Concernant les patrons du CAC 40, Le Figaro rapporte qu'
"après avoir baissé
de plus de 6% en 2012, leur rémunération totale moyenne a encore reculé de 2%
l'année dernière. Un grand patron de la Bourse de Paris n'a ainsi touché en
moyenne «que» 3,968 millions d'euros," Pour Proxinvest, certains
comportements vertueux ainsi que la nouvelle pression de l’Etat actionnaire ont
donc eu un impact modérateur qui a contrebalancé les excès de certaines
sociétés.
C'est
Arnaud Lagardère, gérant
associé commandité de Lagardère SCA, qui est cette année en tête du
classement avec une rémunération totale de 16,6M€ (+296%),
rémunération qui s'explique par la plus-value réalisée lors de la cession
d'EADS.
Parmi
les dérives notées par Proxinvest, Loïc Dessaint, directeur
général, cite notamment le patron de LVMH Bernard Arnault qui, avec une rémunération
s'élevant à 11 millions d'euros est le patron le mieux payé du CAC 40. Ce
montant s'explique grâce à « des rémunérations variables élevées par
rapport à des résultats pas très bons ». Il cite également
l’ancien dirigeant d’Havas, David Jones qui a gagné 9,9 millions d’euros
et dont l’indemnité de départ de 5,4 millions d’euros « ne
semble pas conforme au code Afep-Medef ». Enfin, Chris
Viehbacher, qui a empoché 8,6 millions d’euros, est cité car débarqué de Sanofi
avec un bonus d'1,7 million d’euros. Enfin, il est à noter qu'entre Bernard Arnault et
Henri Proglio, ancien patron d'EDF, qui a gagné 457 000 euros,
l’écart de rémunération totale est de 24 fois.