lundi 30 novembre 2015

Optic 2000 : l'essence coopérative d’une marque puissante

Le premier réseau de distribution non-alimentaire de France surmonte la crise en prouvant l’efficience d’un modèle coopératif plus que jamais d’actualité.


De GADOL à Optic 2000

GADOL, voici le nom que porte Optic 2000 à sa création, en 1962, pour « Groupement d’Achats des Opticiens Lunetiers » et, comme le suggère l’acronyme, l’entreprise fédère ou plus exactement coopte alors des opticiens indépendants dans le but d’effectuer des achats groupés. Une fois passées les années glamour de « l’opticien des stars » (essentiellement les années 2000), c’est justement en s’appuyant sur ses positions d’origine que l’entreprise a trouvé des manières pertinentes de conserver le cap de sa croissance. Ainsi que l’affirme son secrétaire général, Yves Guénin : « dans un univers économique instable et déboussolé, le modèle coopératif est, en réalité, très en avance sur son temps », d’autant qu’il « n’est nullement frappé par une crise de sens. » (1) Non seulement ce modèle fondateur est toujours opérant (l’actuel président d’Optic 2000, Didier Papaz, est bien un opticien élu par ses pairs), mais il implique un mode de fonctionnement en mesure de s’adapter aux situations nouvelles.

En tout cas, l’esprit de coopérative a induit un ensemble de pratiques qui se révèlent aujourd’hui autant d’atouts. Afin de perpétuer, par exemple, la logique de proximité, l’Enseigne Optic 2000 s’est développée selon une politique de densification de son maillage territorial. Ainsi, avec plus de 1200 points de vente, l’entreprise couvre aujourd’hui l’ensemble du pays. Une telle situation permet à ces professionnels de santé d’assumer leur rôle de professionnel de santé, en collaboration étroite tant avec les acteurs publics qu’avec les organismes complémentaires d’assurance maladie. Les opticiens se trouvent en mesure d’élaborer au cas par cas des solutions concrètes pour leurs clients, ce qui, en temps de restriction budgétaire, peut permettre d’éviter que ne s’instaure un système médical à deux vitesses, une « marchandisation de la santé » (2) que dénonce par ailleurs vigoureusement Yves Guénin.

Vision solidaire

La logique de solidarité et de coopération prônée par Optic 2000, tout en relevant de ses principes fondateurs, prévaut également au-delà du social, sur le plan économique. C’est pourquoi l’entreprise a reçu le label « origine France garantie » pour une série de montures, aux bénéfices essentiellement des lunetiers jurassiens. Si le savoir-faire des lunetiers du Jura se trouve ainsi défendu contre la déferlante de la concurrence asiatique, l’assurance de qualité, et donc de sécurité, qui lui est concomitante se trouve particulièrement précieuse dans un domaine sensible comme celui de la santé. En 2011, le programme « Vision solidaire », qui rassemble les différents protagonistes autour d’un cahier des charges exigeant, aboutit à un appel d’offre pour la fabrication, en France, de 400 000 montures.

L’esprit solidaire se décline aussi dans une dimension philanthropique. Optic 2000 organise par exemple une collecte annuelle de 200 000 paires de lunettes usagées afin d’améliorer gratuitement la vue des plus démunis en France comme à l’étranger, et a ouvert 170 centres agréés « basse vision » pour venir en aide aux personnes malvoyantes. Par ailleurs, des opérations de dépistage et d’équipement gratuits ont été effectuées au Burkina-Faso, en Mauritanie et en Tunisie. Enfin, l’entreprise signe désormais chaque année un chèque de plus d’un million d’euros à l’ordre du Téléthon, l’opticien démontrant l’importance de son engagement à l’occasion de l’événement caritatif le plus célèbre du pays. « Nous souhaitons nous rendre utile partout où nos compétences et nos moyens peuvent être mobilisés à bon escient », (3) résume Didier Papaz.

Des atouts inédits

« L’esprit » de coopérative permet d’obtenir des résultats probants : les habitudes de dialogue et de collaboration offrent une souplesse et une adaptabilité qu’un monde économique en crise rend d’autant plus essentielles. De surcroît, il recoupe des préoccupations devenues à notre époque primordiales, ce qui en fait également un excellent vecteur de développement plébiscité par les consommateurs puisqu’Optic 2000 s’est vu une nouvelle fois décerne le trophée « Meilleur chaîne de magasins catégorie opticien « 2015 . C’est afin de valoriser cet engagement que l’entreprise s’est maintenant engagée dans une démarche de certification de la totalité de ses points de vente. Le groupe AFNOR, par l’intermédiaire de l’évaluation AFAQ 26 000, décerne des certifications et réalise des audits garantissant la probité des politiques qu’engagent les entreprises en termes de qualité et de responsabilité sociétale, une notion aujourd’hui à considérer sous tous les angles : autant environnemental qu’économique et social. En effet, la responsabilité sociétale globale des entreprises dispose désormais de son label.

Le modèle coopératif d’Optic 2000, privilégiant l’ancrage local et les rapports réels, n’est pas pour autant passé à côté de la révolution Internet, mais l’outil est utilisé sous une forme complémentaire. Si le site de e-commerce permet ainsi de sélectionner ou de réserver sa paire de lunettes, l’achat n’en est pas moins finalisé en magasin avec les conseils d’un opticien diplômé. Il ne s’est donc pas agi de tout bouleverser ou de concurrencer les points de vente, mais d’articuler les nouveaux moyens technologiques avec ces pratiques qui ont décidément fait leurs preuves, et d’éviter d’encourager une culture du rabais. Le cas par cas et le dialogue, voilà finalement, par excellence, l’héritage de cette culture coopérative. Le succès de l’enseigne d’opticiens constitue la meilleure démonstration de son efficacité.

(1) www.carnetsdubusiness.com/Yves-Guenin-les-opticiens-ne-sont-pas-de-simples-commercants_a374.html
(2) www.corebusiness.fr/Optic-2000-lecon-de-marketing-cooperatif_a85.html
(3) www.entreprises-et-decideurs.fr/Didier-Papaz-la-communication-d-Optic-2ooo-un-recentrage-fondamental-sur-les-valeurs-de-l-entreprises_a183.html